Maliya est l’une des perles du RNB japonais actuel. C’est en avril dernier qu’elle dévoilait son EP intitulé unsywyd qui nous avait mis une grosse claque. Avec deux albums solos, Maliya s’est taillé une solide réputation auprès des rappeurs japonais. Son énergie ainsi que sa jeune expérience sont des atouts qui lui ont permis d’approfondir ses nombreuses influences musicales. Auteur et compositrice, elle est a accepté de rencontrer Real Japanese Hip Hop afin de répondre à quelques-unes de nos questions dans un lieu animé de Shibuya. Rencontre.
RJHH : Bonjour Maliya. Merci pour cette interview avec Real Japanese Hip Hop. Comment vas-tu ?
MALIYA: Bonjour ! Je vais très bien.
RJHH : Avant de discuter de ta carrière et de tes projets, peux-tu commencer par te présenter ?
MALIYA: Je suis un auteur-compositeur-interprète. J’ai grandi à Kanagawa et je suis actuellement à Tokyo. Ma mère est originaire d’Okinawa et adore la musique. J’ai eu la chance de pouvoir expérimenter divers types de musique dès mon plus jeune âge et j’ai aussi composé des chansons. J’ai étudié sérieusement la musique à l’âge de 20 ans en participant à un programme d’été de la Berkeley Music Academy à Boston. Je me suis concentrée sur la composition et les activités tout de suite après mon retour au Japon.
RJHH : La passion de la musique a été transmise par ta mère, mais j’ai remarqué que tu t’es davantage concentrée sur le Jazz, le RnB, le hip-hop ?
MALIYA: C’est vrai, je ne l’ai pas précisé au début, j’étais dans un environnement où ma mère jouait du jazz, du RnB, de la Soul et divers genres musicaux à la maison. J’ai été habituée très tôt à beaucoup de styles de musique.
RJHH : Ta musique ressemble fortement aux productions noires américaines de RnB des années 90. On le ressent lorsqu’on écoute tes morceaux. Est-ce un style que tu préfères par rapport aux autres ?
MALIYA: J’aime beaucoup le RnB et le hip-hop. Ma musique est vraiment axée sur ces genres. Je pense aussi qu’ils sont très enracinés dans la musique noire américaine. Je souhaite davantage développer et créer mon propre style. Quelque chose qui me ressemble le plus. Tu peux aussi trouver de la pop, de l’électro et des mélodies de dance dans mes chansons. Je ne ferme pas la porte aux autres tendances.
RJHH : Quels sont pour toi les cinq meilleurs artistes de RnB internationaux ?
MALIYA: Je te dirai Alice Keys, Beyoncé, Erykah Badu, Amy Winehouse et ensuite, SHADE.
RJHH : De très bons choix, tu as des préférences pour certaines de ces artistes ?
MILIYA : Alicia Keys a influencé plusieurs de mes chansons, Amy Winehouse aussi. La question est un peu difficile pour te citer des titres (rires). Ce qui me vient à l’esprit c’est Kiss Of Life de SHADE et Girlfriend d’Alicia Keys.
RJHH : Peux-tu nous citer aussi des artistes japonais que tu recommandes pour les personnes qui vont lire ton interview ?
MILIYA: KODAMA (Tiara & Thomas) c’est un groupe franco-japonais basé en France, WONK, et le groupe Opus Inn avec lequel j’ai chanté.
RJHH : J’ai vu que tu as était présente sur les albums de Ryohu et Neetz de Kandytown, en particulier sur les morceaux “Nothing But A Blur” et “Fleeting”. On pouvait entendre ta voix sur ces deux productions de rap très underground. Peux-tu me parler de ces collaborations-là.
MILIYA: Pour la chanson “Nothing But A Blur” c’est Ryohu qui m’a sollicité pour être présente. Le refrain était déjà fait, mais j’ai rajouté mes paroles pour rendre la chanson de Ryohu plus émotionnelle. En revanche pour “Fleeting” avec Neetz, je n’avais pas été choisie en premier. Mais Neetz m’a ensuite appelé en me proposant de faire les démos. J’ai ensuite écris les paroles de mon couplet sur la mélodie du titre. Pour lui, j’étais la seule à pouvoir chanter sur “Fleeting”.
RJHH : Avant de sortir unswyd, j’ai écouté tes premières productions “ADDICTED” et “ego“. Parmi ces deux projets quel est celui qui est le plus abouti ?
MALIYA: “ADDICTED” est composé de chansons qui parlent de moi jusqu’à environ 20 ans, de toutes mes influences ainsi que des chansons que j’ai écoutées au début de ma carrière. Je me sentais jeune et en même temps nostalgique. Quant à “Ego” c’est une chanson que j’ai sortie après avoir passé mes 25 ans et qui montre plus ma maturité artistique.
RJHH : Plusieurs beatmakers ont participé à la production de l’EP unswyd. As-tu remarqué une différence entre le travail dans tes premières productions et unswyd ? Y a-t-il eu de gros changements ?
MILIYA : Dans mes premiers albums, je créais moi-même mes propres beats, mélodies et instrus. Je les donnais ensuite à un ingénieur du son pour qu’il complète mon travail. Alors que dans unswyd ce sont les autres producteurs qui ont tout fait, sauf pour la chanson Cut My Hair. J’ai été inspirée par leur travail pour créer ce titre.
Il s’agit d’un processus de production complètement différent, dans lequel vous insérez vos propres paroles et mélodies. Cela complètement nouveau pour moi. J’ai aussi découvert des accords de musique que je n’aurai pas découvert en travaillant toute seule. Cut my Hair est ma propre production, j’ai tout fait sur ce morceau. Un ancien camarade de classe ingénieur du son, qui vit aux Etats-Unis, a ensuite masterisé ce titre.
RJHH : unswyd est-il une introduction qui prépare ton prochain album complet ?
MILIYA: unswyd est un concept-album lié à un thème précis ; “femme forte”. Ce concept est très présent dans tous les morceaux du disque. En même temps je continue de développer ma propre musique en continuant d’essayer et d’essayer encore. unswyd n’est pas une introduction à un prochain projet. C’est un album complet.
RJHH: Le thème “femme forte” est-il uniquement le concept pour cet album ou c’est un sujet plus personnel pour toi ?
MALIYA: Je dirai les deux. Ce sujet a été utile pour écrire mes textes, mais aussi une force pour ma personnalité en tant que femme et en tant que japonaise.
RJHH : “Set me on fire” est le titre le plus apprécié de l’album ? Est-ce le même constat pour toi ?
MALIYA: J’aime vraiment toutes les chansons y compris celle-là. En fait, j’ai enregistré pour la première fois en auto-tune et j’ai aussi utilisé plusieurs techniques de production. C’était comme un défi pour moi. Après la sortie de unswyd, je l’ai écouté à plusieurs reprises. C’est une attitude inhabituelle chez moi.
RJHH: Dans l’article publié le 19 avril qui faisait référence à unswyd, on disait que ton album s’écoutait d’une traite sans avoir l’envie de mettre pause. Tu confirmes ?
MALIYA: C’est exactement ça !!! (rires). Nous avions beaucoup réfléchi à la structure et à l’ordre des morceaux afin que les auditeurs ne s’arrêtent pas d’écouter. Pari réussi !!! (rires)
RJHH : Comment t’es-tu organisée pour travailler avec autant de producteurs ? As-tu rencontré certaines difficultés ?
MILIYA: Je travaille avec beaucoup d’artistes très talentueux qui veulent tous s’exprimer. Mais je veux garder un certain contrôle, pour appliquer mes préférences avec des parties qui me viennent à l’esprit. Donc je découpe, j’édite la longueur des pistes en travaillant avec les autres artistes. La plupart d’entre eux me comprennent et savent ce que je veux. C’était plus cohérent pour moi de travailler de cette manière. En plus, j’ai pu sortir un disque qui me correspond.
RJHH: Depuis deux ans environs, tu participes à TEN’S TOKYO, un événement qui regroupe d’autres artistes. C’est important pour toi d’être présente à chaque rendez-vous de TEN’S TOKYO ?
MILIYA: C’est année c’est le 2e anniversaire de TEN’S TOKYO, organisé Kosuke HARADA et MOSSGREEN qui sont des Djs. TEN’S est un label auquel j’appartiens et qui fait partie de la même structure. Tous les ans au mois de juin, ils organisent l’événement principal. Il y a d’autres show-cases en parallèle qui sont créés dans diverses régions du Japon. Lors de la première édition, il y avait Kento Yamada alias Dutch (membre du groupe yahyel), un réalisateur qui a projeté des vidéos de grandes qualités. Je veux toujours être présente pour TEN’S TOKYO, développer davantage la mode et nos visuelles lorsqu’on se produit sur scène.
RJHH: Merci Maliya pour ton temps. Souhaites-tu ajouter quelques mots pour conclure ?
MILIYA: Merci beaucoup RJHH. Pour finir, nos langues sont différentes, mais grâce à ma musique, je suis contente que vous puissiez apprécier. Ce serait génial si RJHH découvre d’autres bons artistes. Je pense que c’est une belle occasion de connaitre et de comprendre le Japon.
Propos de recueillis par Roger Atangana et Emiko Lauroua