NF Zessho est le genre de d’artiste qui impressionne sans vouloir le prétende. Originaire de Fukuoka, c’est un jeune beatmaker/rappeur pas très connu au bataillon, mais qui porte une attention toute particulière à ses créations musicales. Il manque rarement l’occasion de satisfaire son public en gardant jalousement ses œuvres orientées jazz hip-hop.

Avec un total de cinq albums et plusieurs projets EP, NF Zessho continue d’avancer à son rythme en gardant cette liberté de création qui a fait son succès. Désormais installé à Tokyo, NF Zessho nous en dit un peu plus sur une partie de sa carrière ainsi que ses productions.


RJHH : Bonjour NF Zessho, peux-tu commencer par te présenter pour les lecteurs de RJHH ?

NF Zessho : Je suis NF Zessho. Je passe mon temps à produire des beats hip-hop et à faire du rap quotidiennement.

RJHH : L’année dernière tu as déménagé de Fukuoka vers Tokyo ? Était-ce une décision personnelle de rejoindre la capitale pour ton avenir artistique ?  Pour toi quelle est la différence entre la scène hip-hop de Fukuoka et celle de Tokyo ?

NF Zessho : Je suis resté à Fukuoka depuis ma naissance, car j’ai tous mes amis là-bas. Mais, après avoir atteint un certain âge, la vie quotidienne change. La plupart de mes amis ont fondé leur famille et ils doivent se concentrer sur leur carrière professionnelle.  C’est normal qu’on n’arrive plus à se fréquenter comme avant. J’ai quitté ma ville natale pour changer d’environnement et aussi pour rejoindre des personnes que je ne connaissais pas quand j’étais à Fukuoka. 

“je n’ai pas encore suffisamment contribué dans la scène hip-hop à Tokyo”

Avant, tous les artistes pensaient qu’il fallait venir à Tokyo pour devenir une “star”. Je n’ai pas choisi Tokyo pour cette raison-là. Je suis venue à Tokyo pour travailler dans la musique et pour rejoindre mes potes ; Yuya SATO du groupe AWOL ou YOSHINUMA du groupe Enpizlab. De nos jours, on peut gagner sa vie avec des activités musicales si on sait comment faire. 

Je ne pourrai pas répondre à ta question des particularités de scènes musicales à Tokyo et à Fukuoka, car je n’ai pas encore suffisamment contribué dans la scène hip-hop à Tokyo depuis mon arrivée. Je ne veux pas être une grande gueule. Pour l’instant, j’aime quand il y a des sons intéressants avec du volume à fond et des amis qui picolent joyeusement. 

RJHH : Comment t’es venu l’idée de te lancer dans le hip-hop et de produire des beats ? Explique-moi un peu.

NF Zessho : Quand j’étais à l’école primaire, j’écoutais des morceaux hip-hop japonais sans prêter attention. Au collège, Internet m’a permis d’approfondir mes connaissances et ma passion pour plusieurs genres musicaux. J’ai commencé à faire des enregistrements à la maison avec du matériel que j’avais achetés en faisant des jobs étudiants.

RJHH : Tu emplois pas mal d’extraits de différentes époques de Jazz, de bande-son de films vintage dans tes créations. Ces sont des musiques cultes que tu reprends. Est-ce une passion pour toi de faire des recherches et de les mettre dans tes samples ?

NF Zessho : Je ne m’impose pas de limites lorsque je choisis les sons au niveau de l’époque et du genre. Je prends les morceaux qui m’intéressent dans le DAW (station de travail audio numérique) dès que je les trouve. Je les échantillonne ensuite pour extraire les parties que je veux.

Ce sont des morceaux que j’ai trouvé pendant mes ballades sur le net, chez quelqu’un, au restaurant ou ce que j’ai entendu dans un film. Souvent, ça m’arrive d’extraire les reprises de sons d’artistes que je ne connais pas. Et même de sampler des morceaux hip-hop composés par d’autres beatmakers.

Je pense que l’esprit créatif ne doit pas être limité. Pour moi, c’est fondamental. J’essaie aussi de ne pas penser aux droits d’auteur. En fait je ne me demande pas si on peut diffuser officiellement ou pas. Je mets ce point de vue de côté lors de mes productions.

RJHH :  Plusieurs beatmakers japonais jazzy, ajoutent des extraits de dialogue en anglais dans l’introduction de leurs morceaux. Pour certains Dj japonais, c’est beaucoup plus cool. Par contre toi, tu mets directement des dialogues en japonais comme par exemple : “Blono’s way”,”Jenny Gump”,”Jenny Gump [Another]”… . Peux-tu nous dire pourquoi ?

NF Zessho : Je n’ai jamais trop réfléchi à quelle langue je devrai employer pour faire mes opus. Mais il y a pas mal de morceaux où j’ai mis davantage de paroles en japonais. Je ne suis pas capable de parler correctement une autre langue que le japonais. Je ne pourrais même pas regarder de dessins animés ou des films dans une langue étrangère.

RJHH : Ton troisième album CURE est sorti en avril 2018. Que peux-tu nous dire de plus sur ce projet ? As-tu produit l’intégralité des titres ?

Merci de parler de cet album. Au début de la production, je voulais sortir le side B (de l’intro~jusqu’à l’Inner Child) en tant qu’ EP, car j’avais travaillé sur les titres tout seul. Ensuite, j’ai créé « un monde parallèle » et influencé par mes amis. C’est pour cette raison que j’ai ajouté le mot “Another” pour préciser que je suis avec mes amis sur le morceau.

J’ai demandé conseil à des artistes pour savoir ce qui est le plus adéquate pour la mise en œuvre de chaque morceau. Comme vous dites, je suis le seul leader dans la production de mes EP ou LP. Je pense que c’est une vertu lors de création de prendre la responsabilité durant tous les processus de production.

Toutefois, ça m’arrive souvent de demander des conseils à un beatmaker qui s’appelle Yoshinuma. Il intervient de temps en temps, si la nécessité se présente pour un morceau, mais pas pour l’album entier.

“Je valorise plus ce que j’ai réalisé jusqu’à aujourd’hui”

RJHH : Le sample du titre Blono’s Way (Another) est très Jazzy Hip Hop. Que racontes-tu dans ce morceau ?

NF Zessho : Blono’s Way existe en version originale dans mon album CURE avant que je demande à Will-san (Mr Sweet William). J’aime bien comparer mes œuvres originales avec les versions remixées des autres producteurs. Les effets sont très différents d’un beatmaker à l’autre.

En ce qui concerne ce morceau Blono’s Way /Another/, je suis très reconnaissant pour le niveau des travaux que Will-san a founi, sans oublier celle du rappeur Raitamen-san.

RJHH : Peux-tu citer quelques références de n’importe qu’elle films, feuilletons, albums de musique, artistes que tu as aimée ?

NF Zessho : Il est difficile de tous citer car il y en a trop. Ces derniers temps, je passe mon temps à écouter des sons comme par exemple, Breathe de Télépopmusik. Les gens vont sans doute me dire « C’est seulement  maintenant que tu l’écoutes ??! C’est trop classique !! », n’est-ce pas (rire) ? En ce moment, les beats légers me font sens, je ne sais pas pourquoi. Et puis, les gens qui m’influencent, sont toujours mon entourage (WOL、Enpizlab)

RJHH : Quel est selon toi, le meilleur son Jazzy Hip Hop au Japon ou quels sont ceux que tu nous conseilles d’écouter ?

Je vous laisse un lien pour vous permettre de découvrir des compiles que je vous recommande. J’espère que vos lecteurs trouveront des artistes avec lesquels ils accrocheront. En tout cas ce lien est fait pour Ce lien est utile pour cela, EN TOKYO BANDCAMP

RJHH : Je sais que tu utilisais des appareils comme : Fruity Loops Studio、SP-404. Utilises-tu d’autres matériels en ce moment ? As-tu des matériels qui t’intéressent et que tu n’utilises pas encore ?

NF Zessho : Je ne maîtrise pas encore à 100% les matériels que je possède en ce moment. Il vaut mieux que je les maîtrise à fond d’abord. C’est que je m’efforce de faire. Je ne souhaite pas acheter de nouveaux matériels, mais je préfère améliorer ceux que je possède déjà et avoir de bons enregistrements. 

RJHH : Prépares-tu des projets cette année ? Même si c’est secret? peux-tu nous glisser quelques infos ? 

NF Zessho : Je valorise plus ce que j’ai réalisé jusqu’à aujourd’hui. Je continue de produire mes œuvres et de faire des lives activement. Mais, ça me fait plaisir si vous continuez de suivre mes activités musicales. Pour l’instant, j’aimerais profiter du temps de ma jeunesse en faisant beaucoup de musique avec des amis.

RJHH : Merci NF Zessho pour cet entretien. Que veux-tu dire en conclusion ?

NF Zessho : Merci pour l’interview. Avançons dans la vie avec la joie de vivre !

 

Propos recueillis par Emiko Lauroua


 

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